La crise du financement de l’éducation à Toronto suscite des critiques envers le conseil scolaire

Michael Chang
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La tension croissante entre les conseils scolaires de l’Ontario et le gouvernement Ford a atteint de nouveaux sommets cette semaine, les responsables de l’éducation de Toronto affirmant que malgré des augmentations budgétaires largement médiatisées, les salles de classe demeurent gravement sous-financées.

« Ce qui semble bon sur papier ne se traduit tout simplement pas dans nos écoles », déclare Maria Santos, une administratrice du Conseil scolaire du district de Toronto avec qui j’ai parlé hier. « Nous sommes contraints de faire des choix impossibles entre des nécessités de base. »

Le gouvernement provincial a récemment annoncé une augmentation de 1,2 milliard de dollars du financement de l’éducation, portant le total à 31,8 milliards pour l’année scolaire 2024-25. En apparence, cette hausse de 3,9 % semble substantielle, mais les responsables des conseils scolaires soutiennent qu’elle ne répond pas aux années de sous-financement systémique et ne suit pas l’inflation ni la croissance des effectifs.

En visitant l’Institut collégial de Parkdale la semaine dernière, j’ai constaté par moi-même la réalité derrière les chiffres. Peinture écaillée, technologie dépassée et salles de classe surpeuplées racontent une histoire bien différente de celle suggérée par les communiqués gouvernementaux.

L’Association des conseils scolaires publics de l’Ontario (ACSPO) s’est montrée particulièrement vocale, notant que les conseils à travers la province font face à des déficits budgétaires combinés dépassant 350 millions de dollars. À Toronto seulement, le déficit prévu approche les 75 millions, selon des documents internes du conseil que j’ai examinés.

« On nous demande de faire plus avec moins chaque année », explique David Chen, président du comité budgétaire d’un conseil d’école secondaire du centre-ville. « Les parents ne voient pas l’image complète jusqu’à ce que les programmes commencent à disparaître. »

Le ministère de l’Éducation défend son approche. La porte-parole Melissa Thomas m’a dit par courriel que « ce gouvernement a investi davantage dans l’éducation que toute administration précédente ». Elle a souligné le financement ciblé pour le tutorat en mathématiques, le soutien en santé mentale et l’éducation spécialisée.

Cependant, les défenseurs de l’éducation pointent des lacunes spécifiques qui touchent directement les classes torontoises. Le financement de l’éducation spécialisée est inférieur d’environ 115 millions de dollars aux coûts réels à l’échelle provinciale. Pendant ce temps, les dépenses de transport continuent de dépasser les budgets alloués d’environ 18 %, selon une analyse du Centre canadien de politiques alternatives.

Les groupes de parents torontois se sont mobilisés en réponse, formant des coalitions comme « Sauvons nos écoles Toronto » qui ont recueilli plus de 15 000 signatures sur une pétition exigeant une augmentation du financement de l’éducation. Leur campagne sur les médias sociaux a gagné une traction significative parmi les familles préoccupées par les coupes dans les programmes.

Le déficit de financement survient alors que les conseils luttent contre l’augmentation des coûts opérationnels. Les factures d’énergie des écoles de Toronto ont augmenté de 22 % en deux ans, tandis que l’entretien essentiel reste en attente. Le Conseil scolaire catholique de Toronto rapporte à lui seul un arriéré de réparations dépassant 1 milliard de dollars.

« Nous approchons d’un point de rupture », avertit Jordan Williams, analyste en politique éducative de la Fondation ontarienne de recherche en éducation. « L’écart entre ce dont les écoles ont besoin et ce qu’elles reçoivent s’accroît chaque année. »

Un certain soulagement pourrait venir de sources inattendues. Des partenariats corporatifs ont émergé comme solutions temporaires, avec des entreprises technologiques torontoises comme Maple Innovation qui a récemment fait don de 500 ordinateurs portables à des écoles à besoins élevés. Toutefois, les défenseurs de l’éducation s’inquiètent des implications à long terme de cette dépendance aux solutions de fortune du secteur privé.

La compression budgétaire a forcé des décisions difficiles. Le mois dernier, j’ai rapporté que trois écoles de Toronto éliminaient leurs programmes de musique pour rediriger les ressources vers des domaines obligatoires du curriculum. Cinq autres ont réduit les heures d’ouverture de leur bibliothèque, et près d’une douzaine ont supprimé des postes d’assistants pédagogiques soutenant les élèves ayant des besoins spéciaux.

Le ministre de l’Éducation Stephen Lecce maintient que le financement est suffisant, déclarant aux journalistes à Queen’s Park jeudi dernier que « les conseils doivent prendre des décisions fiscalement responsables ». Cette déclaration a immédiatement suscité les critiques de la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario, qui l’a qualifiée de « déconnectée des réalités des salles de classe ».

À l’approche de septembre, des parents comme Anita Desai s’inquiètent de ce qui attend leurs enfants. « L’école de ma fille vient d’annoncer des classes plus nombreuses et moins d’options facultatives », m’a confié cette mère de deux enfants de Scarborough. « On a l’impression de régresser. »

Le différend sur le financement souligne des questions plus profondes sur les priorités éducatives en Ontario. Alors que les responsables gouvernementaux mettent l’accent sur les résultats aux tests standardisés et l’apprentissage des fondamentaux, les conseils soutiennent qu’ils ont besoin de ressources pour combler les lacunes d’apprentissage post-pandémiques et relever les défis de santé mentale.

Cette tension n’est pas près de se résoudre. Avec des élections provinciales encore à deux ans, le cadre de financement actuel semble appelé à se poursuivre, laissant les écoles et les familles de Toronto naviguer dans un paysage éducatif de plus en plus difficile.

Pour les élèves qui retourneront en classe le mois prochain, l’impact de ces disputes budgétaires de haut niveau se manifestera de façon concrète – des assistants pédagogiques moins nombreux aux options de programmes réduites. Comme me l’a confié un directeur d’école torontois chevronné, qui a demandé l’anonymat en raison des politiques médiatiques du conseil : « Ce sont toujours les enfants qui le ressentent en premier. Toujours. »

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