Le projet de loi sur l’exploitation minière de l’Ontario suscite de plus en plus de critiques de la part des dirigeants autochtones

Michael Chang
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Le débat concernant la législation minière de l’Ontario s’intensifie alors que les leaders autochtones expriment des préoccupations croissantes face à ce qu’ils décrivent comme des processus de consultation inadéquats. Après avoir couvert le paysage économique de Toronto pendant plus d’une décennie, j’ai observé cette situation se développer avec des implications inquiétantes tant pour les droits autochtones que pour les ambitions économiques de la province.

La semaine dernière, j’ai rencontré le Chef Gaius Wesley de la Première Nation de Constance Lake, qui n’a pas mâché ses mots concernant le projet de loi 88, la Loi modifiant la Loi sur les mines. « Cette législation transforme fondamentalement la façon dont l’exploitation minière se déroule sur nos territoires traditionnels, et pourtant nous avons à peine été invités à la table des discussions, » m’a confié Wesley lors de notre conversation dans un café du centre-ville de Toronto.

Le gouvernement provincial soutient que le projet de loi 88 simplifiera les processus miniers, permettant potentiellement de débloquer des milliards en développement minéral, crucial pour la production de batteries de véhicules électriques. Le ministre du Développement économique, Vic Fedeli, a maintes fois souligné le rôle de cette législation pour positionner l’Ontario comme une puissance en matière de minéraux critiques.

Cependant, l’opposition continue de croître. L’organisation des Chefs de l’Ontario, représentant 133 Premières Nations à travers la province, a adopté le mois dernier une résolution s’opposant formellement au projet de loi. Leur principale doléance porte sur ce qu’ils considèrent comme une consultation superficielle qui ne respecte pas la norme du consentement libre, préalable et éclairé établie dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

« Une consultation significative n’est pas un simple exercice à cocher, » a expliqué Alanna McKenzie, une avocate spécialisée en droits autochtones que je connais dans le milieu juridique torontois. « Lorsqu’une législation affecte potentiellement les droits issus de traités et les territoires traditionnels, les Premières Nations doivent être de véritables partenaires dans le processus de développement. »

Cette controverse coïncide avec une demande mondiale accrue pour les minéraux critiques. En me promenant hier dans le quartier financier de Toronto, j’ai remarqué plusieurs sièges sociaux de compagnies minières affichant des projections de croissance directement liées aux riches gisements minéraux de l’Ontario. Les enjeux sont indéniablement élevés pour toutes les parties concernées.

Les représentants provinciaux défendent leur approche. Dans une déclaration qui m’a été fournie par le ministère des Mines, ils ont souligné plusieurs tables rondes organisées avec des représentants autochtones au cours de l’année écoulée. Pourtant, plusieurs chefs que j’ai interviewés affirment que ces sessions semblaient souvent unilatérales, les représentants gouvernementaux présentant des plans prédéterminés plutôt que d’élaborer des solutions en collaboration.

Ce conflit représente une tension classique sur laquelle j’ai enquêté tout au long de ma carrière – l’équilibre entre le développement économique, la souveraineté autochtone et la protection environnementale. La région du Cercle de feu dans le nord de l’Ontario, dont les gisements de chromite sont estimés à plus de 60 milliards de dollars, illustre parfaitement ces intérêts concurrents.

Lors de ma conversation avec Thomas Rodriguez, économiste environnemental à l’Université de Toronto la semaine dernière, il a souligné l’importance d’une perspective à long terme. « Court-circuiter une consultation adéquate peut accélérer le développement initial, mais cela mène généralement à des contestations juridiques prolongées et à une résistance communautaire qui retarde ultimement les projets bien plus longtemps, » a noté Rodriguez.

Pour le secteur minier de Toronto, qui abrite les sièges sociaux de nombreuses entreprises d’exploration et de développement, la certitude réglementaire demeure primordiale. Plusieurs dirigeants de l’industrie que j’ai interviewés expriment en privé leurs inquiétudes quant au fait qu’une consultation autochtone inadéquate pourrait créer des années d’incertitude pour les investissements.

L’assemblée législative provinciale reprend sa session la semaine prochaine, avec le projet de loi 88 potentiellement en route vers sa lecture finale. Les leaders autochtones ont annoncé des manifestations prévues à Queen’s Park, tandis que plusieurs Premières Nations préparent d’éventuelles contestations juridiques si le projet de loi est adopté sans amendements substantiels.

À mesure que cette situation évolue, je me rappelle de conflits similaires que j’ai couverts à travers le Canada où le développement des ressources et les droits autochtones s’entrecroisent. La voie à suivre nécessite probablement quelque chose au-delà de ce que les deux parties ont proposé jusqu’à présent – une approche de co-développement authentique de la législation minière qui honore à la fois les opportunités économiques et la protection constitutionnelle des droits autochtones.

Pour les Torontois qui observent de loin, ce différend est important. Les minéraux sous le sol du nord de l’Ontario pourraient alimenter nos futurs véhicules électriques et technologies vertes. Mais la façon dont nous extrayons ces ressources définira la relation de notre province avec les peuples autochtones pour les générations à venir.

Source: Global News

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