Les résidents de Toronto réclament des règlements de sécurité thermique face à la montée des températures

Michael Chang
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Alors que Montréal se prépare à affronter un autre été étouffant, les défenseurs communautaires mettent la pression sur les responsables municipaux pour mettre en œuvre une réglementation complète sur la sécurité thermique. Cette mobilisation fait suite à l’été dernier où des températures record ont envoyé des dizaines de résidents vulnérables aux urgences dans toute la région métropolitaine.

En me promenant hier après-midi dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, j’ai parlé avec Marie Tremblay, qui y habite depuis plus de 20 ans. « Mon immeuble n’a pas de climatisation adéquate, et pendant la canicule de l’année dernière, ma voisine âgée a fini à l’hôpital, » m’a-t-elle confié, essuyant la sueur de son front bien qu’on ne soit qu’à la fin mai. « Nous avons besoin de règles qui protègent les gens, pas seulement de suggestions. »

Le groupe de défense Coalition Climat Montréal a recueilli plus de 4 000 signatures sur leur pétition exigeant que la ville établisse des limites maximales de température pour les immeubles résidentiels. Leur proposition s’inspire des réglementations déjà mises en œuvre dans des villes comme New York et Chicago.

« Ce que nous observons est une tempête parfaite de changement climatique, d’infrastructures vieillissantes et de disparités économiques, » explique Dr. Sophie Lavoie, chercheuse en santé environnementale à l’Université de Montréal. « Les populations les plus vulnérables – les aînés, les enfants et ceux ayant des problèmes de santé préexistants – font face aux risques les plus élevés lors des épisodes de chaleur extrême. »

La conseillère municipale Valérie Plante a pris note de la situation et a récemment présenté une motion pour étudier d’éventuels règlements sur la sécurité thermique. « Nous ne pouvons pas continuer à traiter la chaleur extrême comme un simple inconvénient, » a-t-elle déclaré lors de la réunion du conseil la semaine dernière. « C’est un problème de santé publique sérieux qui exige des actions concrètes. »

La motion propose d’explorer plusieurs mesures, notamment d’obliger les propriétaires à maintenir les températures intérieures en dessous de 26°C pendant les mois d’été et de créer davantage de centres de rafraîchissement accessibles dans toute la ville.

Mais les sociétés de gestion immobilière ont riposté, citant des préoccupations concernant les coûts de mise en œuvre. L’Association des Propriétaires du Grand Montréal estime que la modernisation des bâtiments plus anciens avec des systèmes de refroidissement adéquats pourrait coûter aux propriétaires plus de 25 000 $ par unité.

« Nous soutenons la sécurité des locataires, mais ces réglementations proposées doivent s’accompagner de programmes de soutien financier, » déclare Jean-Philippe Marcoux, le porte-parole de l’association. « Sinon, ces coûts seront inévitablement répercutés sur les locataires. »

Les données de santé publique révèlent des tendances préoccupantes. La Santé Publique de Montréal a enregistré 43 visites aux urgences liées à la chaleur durant une seule semaine en juillet dernier, affectant principalement les résidents d’immeubles construits avant 1985 – des structures bâties lorsque les exigences en matière de refroidissement étaient minimales ou inexistantes.

Dre. Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique pour Montréal, souligne que les maladies liées à la chaleur sont évitables. « Les coups de chaleur, la déshydratation et l’exacerbation des conditions cardiovasculaires peuvent tous être évités avec des mesures de refroidissement appropriées, » explique-t-elle. « Il ne s’agit pas seulement de confort – il s’agit de sauver des vies. »

Pendant ce temps, les organisations communautaires n’attendent pas l’action officielle. Le Centre de Santé Communautaire du Plateau Mont-Royal a lancé une initiative « Salles Fraîches », transformant leurs locaux en centre de rafraîchissement ouvert 24 heures sur 24 pendant les épisodes de chaleur extrême.

« Nous avons vu le besoin dans notre communauté et avons décidé d’agir, » explique Isabelle Bouchard, la directrice du centre. « Mais les efforts communautaires ne peuvent aller que jusqu’à un certain point – nous avons besoin de solutions systémiques. »

En discutant avec des résidents près du parc La Fontaine ce matin, le consensus était clair : le climat changeant de Montréal exige de nouvelles approches pour la vie urbaine. Samuel Dumont, habitant d’un appartement, a résumé le sentiment général : « Quand l’hiver arrive, il y a des règles strictes concernant le chauffage. Pourquoi l’été ne serait-il pas pareil? »

Le Comité d’habitation et d’urbanisme de la ville doit examiner les propositions de réglementation thermique le mois prochain, avec des consultations publiques prévues tout au long du mois de juin. Pour de nombreux Montréalais vivant sans refroidissement adéquat, ces discussions ne peuvent pas arriver assez tôt.

Entre-temps, la Santé Publique de Montréal recommande aux résidents de se familiariser avec l’emplacement des centres de rafraîchissement publics, de vérifier l’état des voisins vulnérables lors des alertes de chaleur et de rester hydratés.

Alors que notre ville continue de se développer verticalement avec de nouveaux développements de condos qui redessinent l’horizon, il devient de plus en plus crucial de s’assurer que ces espaces restent habitables toute l’année. Le résultat de ces discussions réglementaires n’affectera pas seulement les résidents d’aujourd’hui – il façonnera la résilience de Montréal face à un climat qui se réchauffe pour les décennies à venir.

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