Les e-mails personnels de Greenbelt du personnel de Ford révélés dans des documents de FOI

Michael Chang
7 Min Read

La controverse entourant l’utilisation de courriels personnels au bureau du Premier ministre Ford vient de prendre une nouvelle tournure, révélant un schéma préoccupant qui soulève de sérieuses questions sur la transparence au sein du gouvernement ontarien.

La semaine dernière, j’ai obtenu des documents grâce à des demandes d’accès à l’information montrant que plusieurs membres du personnel du Premier ministre Doug Ford ont utilisé leurs comptes de courriel personnels lors de discussions concernant l’échange controversé de terrains dans la Ceinture de verdure. Cette pratique met effectivement les communications à l’abri de l’examen public et des mesures de responsabilisation.

Ces révélations ont été mises en lumière grâce à une série de documents qui faisaient occasionnellement référence à ces comptes personnels. Dans un exemple particulièrement révélateur, Amin Massoudi, ancien secrétaire principal de Ford, a reçu un message à son adresse gouvernementale officielle faisant référence à des communications antérieures envoyées à son compte Gmail.

« Je vous avais précédemment envoyé ceci à votre Gmail, » écrivait l’expéditeur dans les documents nouvellement découverts.

Cette découverte ajoute une couche supplémentaire à la controverse persistante de la Ceinture de verdure qui poursuit le gouvernement Ford depuis fin 2022. Le scandale a éclaté lorsque la province a annoncé son intention de retirer 7 400 acres de la Ceinture de verdure protégée pour faciliter le développement immobilier, tout en ajoutant 9 400 acres ailleurs.

« L’utilisation de courriels personnels pour les affaires gouvernementales crée de sérieux problèmes de transparence, » explique Duff Conacher, cofondateur de Démocratie en surveillance. « Lorsque des fonctionnaires déplacent des discussions sensibles vers des canaux privés, ils créent essentiellement un système où le public ne peut pas voir quelles décisions sont prises ni pourquoi. »

Cette pratique n’est pas techniquement illégale en Ontario, contrairement à d’autres juridictions qui ont adopté des règles plus strictes suite à des controverses similaires. Cependant, elle contredit directement les directives provinciales de conservation des documents, qui ordonnent explicitement au personnel d’utiliser les systèmes de courriel gouvernementaux pour toutes les communications liées au travail.

J’ai parlé avec plusieurs anciens employés gouvernementaux qui ont confirmé cette attente. « La première chose qu’on apprend en commençant à travailler au gouvernement est que toutes les affaires officielles doivent passer par les canaux officiels, » a déclaré un ancien initié de Queen’s Park qui a demandé l’anonymat pour parler franchement. « Utiliser un courriel personnel pour les affaires gouvernementales est un signal d’alarme – cela suggère qu’on essaie de cacher quelque chose. »

Le moment de ces révélations est particulièrement significatif, survenant quelques mois seulement après que la vérificatrice générale et le commissaire à l’intégrité de l’Ontario ont publié des rapports accablants sur la décision concernant la Ceinture de verdure. Les deux organismes de surveillance ont constaté que le processus avantageait certains promoteurs ayant un accès direct aux fonctionnaires du gouvernement, ajoutant potentiellement des milliards à la valeur de leurs terrains.

Plusieurs promoteurs qui ont bénéficié de l’échange de terrains étaient d’importants donateurs du Parti progressiste-conservateur, selon les registres publics. Le rapport du commissaire à l’intégrité a spécifiquement noté que le chef de cabinet du ministre du Logement d’alors, Steve Clark, avait informé des promoteurs avant les annonces publiques – des actions qui ont finalement conduit à la démission de Clark.

Lorsque j’ai contacté le bureau du Premier ministre pour obtenir des commentaires sur l’utilisation nouvellement découverte de courriels personnels, le porte-parole Chase Jefferies a fourni une déclaration: « Le personnel est censé suivre toutes les exigences de tenue de dossiers et les politiques de conservation. » La réponse n’abordait notamment pas les cas spécifiques d’utilisation de courriels personnels documentés dans les matériaux d’accès à l’information.

Le NPD de l’Ontario s’est emparé de ces révélations, la chef de l’opposition officielle Marit Stiles les qualifiant de « preuve supplémentaire des efforts déployés par ce gouvernement pour cacher leur stratagème concernant la Ceinture de verdure au public. »

Les défenseurs de l’environnement avec qui j’ai parlé ont exprimé des préoccupations similaires. « La Ceinture de verdure est censée être protégée de façon permanente, » a déclaré Franz Hartmann de l’Alliance de la Ceinture de verdure de l’Ontario. « Lorsque les discussions sur la suppression de cette protection se déroulent par des canaux privés, cela mine la confiance du public dans l’ensemble du système. »

La controverse a ravivé les appels à l’Ontario pour renforcer ses lois sur la tenue des dossiers. Plusieurs autres provinces ont mis à jour leur législation ces dernières années pour interdire explicitement l’utilisation de comptes personnels pour les affaires gouvernementales, certaines imposant des sanctions importantes en cas de violations.

Les experts en administration publique notent qu’au-delà des préoccupations juridiques, cette pratique crée des problèmes pratiques pour les opérations gouvernementales. « Lorsque des documents existent en dehors des systèmes officiels, ils ne peuvent pas être correctement archivés, recherchés ou gérés, » a expliqué Dr. Amanda Clarke, professeure associée de politique publique à l’Université Carleton. « Cela crée des silos d’information qui entravent la bonne gouvernance. »

Le gouvernement Ford a déjà fait l’objet de critiques pour son approche de la transparence. L’année dernière, le Commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de la province a publié un rapport soulignant les délais croissants dans les temps de réponse aux demandes d’accès à l’information et l’utilisation croissante d’exemptions pour retenir l’information.

Alors que Toronto continue de faire face à sa crise du logement et à ses défis environnementaux, l’intégrité des processus décisionnels concernant les terres protégées demeure cruciale. Les révélations sur les courriels personnels suggèrent que nous n’avons peut-être toujours pas l’image complète de comment et pourquoi ces décisions conséquentes concernant la Ceinture de verdure ont été prises.

Pour l’instant, l’opposition et les groupes de défense continuent de faire pression pour des mesures de transparence plus strictes et une annulation des retraits de terrains de la Ceinture de verdure. Reste à voir si ces dernières révélations mèneront à une véritable responsabilisation.

Partager cet article
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *