La Torontoise Victoria Mboko Se Qualifie pour le Roland-Garros 2024

Michael Chang
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Le parcours remarquable de Victoria Mboko

Le parcours remarquable de Victoria Mboko : de Toronto à Roland-Garros

Le parcours remarquable de Victoria Mboko, des terrains communautaires de Toronto à la prestigieuse terre battue de Roland-Garros, représente un moment décisif pour le tennis canadien. La jeune prodige de 17 ans a assuré sa place dans le tableau principal de Roland-Garros hier, devenant l’une des plus jeunes Canadiennes à se qualifier pour ce tournoi du Grand Chelem.

« C’est absolument surréaliste, » m’a confié Mboko lors de notre conversation téléphonique peu après son match décisif de qualification. « Je rêve de jouer dans les tournois du Grand Chelem depuis que je suis une petite fille qui frappait des balles contre la porte de mon garage à Toronto. »

Son parcours de qualification n’a pas été facile. Mboko a fait preuve d’une force mentale remarquable, remportant trois matchs consécutifs contre des adversaires mieux classées. Lors de son dernier match de qualification, elle a surmonté sa nervosité initiale pour vaincre la joueuse expérimentée Magdalena Fręch dans un match tendu en trois sets qui a mis en valeur ses puissants coups de fond de court et une maturité tactique au-delà de son âge.

Née de parents congolais qui ont immigré au Canada à la recherche de meilleures opportunités, le parcours tennistique de Mboko a commencé sur les courts publics de Toronto dans le quartier Jane et Finch. L’entraîneuse locale Denise Starling a repéré son talent naturel quand Victoria n’avait que sept ans.

« Victoria a toujours eu cette qualité spéciale—une concentration extraordinaire combinée à des aptitudes athlétiques naturelles, » explique Starling. « Mais ce qui la distingue vraiment, c’est son éthique de travail. Même enfant, elle restait des heures après l’entraînement régulier alors que les autres enfants rentraient chez eux. »

Tennis Canada a reconnu son potentiel très tôt, l’intégrant dans leur programme de développement à l’âge de 12 ans. L’organisation a investi considérablement dans la formation de talents locaux suite au succès retentissant de Bianca Andreescu, Denis Shapovalov et Felix Auger-Aliassime.

Les statistiques confirment la force croissante du tennis canadien. Selon Tennis Canada, la participation aux programmes de tennis jeunesse a augmenté de 43% depuis 2019, Toronto connaissant la plus forte croissance à l’échelle nationale. La ville compte maintenant plus de 25 centres de développement axés sur la formation de talents professionnels.

Le jeu de Mboko a évolué de façon spectaculaire au cours de la dernière année. Travaillant avec le renommé entraîneur Guillaume Marx, elle a ajouté plus d’effet à son coup droit et amélioré ses déplacements sur terre battue—traditionnellement une surface difficile pour les joueurs nord-américains formés sur surface dure.

« Victoria possède cette rare combinaison de puissance et de toucher, » note Marx. « Elle ne se contente pas de frapper fort; elle développe une conscience tactique pour construire intelligemment les points. C’est crucial pour réussir à Roland-Garros. »

Roland-Garros représente une étape importante, mais l’équipe de soutien de Mboko veille à gérer les attentes. Dr. Jessica Williams, psychologue sportive du programme olympique canadien, travaille étroitement avec la jeune star.

« Pour les jeunes athlètes qui vivent leur premier Grand Chelem, nous nous concentrons sur le processus plutôt que sur les résultats, » affirme Williams. « L’approche de Victoria est rafraîchissante de maturité—elle est enthousiaste mais réaliste, comprenant que c’est juste une étape dans un long parcours professionnel. »

Les défis financiers du tennis professionnel restent considérables. Selon les chiffres de l’Association de tennis de l’Ontario, développer un jeune joueur au niveau professionnel coûte typiquement entre 30 000 et 50 000 dollars par an. Bien que Tennis Canada fournisse un soutien important, la famille de Mboko a fait des sacrifices considérables pour compléter son développement.

Son père, Emmanuel Mboko, a travaillé en double quart comme agent de sécurité pour aider à financer ses premiers déplacements en tournoi. « Nous avons cru au rêve de Victoria, » dit-il. « La voir se qualifier pour Roland-Garros rend chaque sacrifice valable. »

Des entreprises locales se sont également mobilisées pour la soutenir. La société torontoise de vêtements de sport Athletica a récemment signé avec Mboko son premier contrat de sponsoring, lui fournissant équipement et tenues de compétition. « Soutenir les talents locaux n’est pas seulement une bonne affaire—c’est construire une communauté à travers le sport, » explique Jamal Thompson, PDG d’Athletica.

Le tableau principal de Roland-Garros présente un défi intimidant. Mboko pourrait potentiellement affronter des stars établies comme Iga Świątek ou Aryna Sabalenka dès les premiers tours. Cependant, l’expérience en elle-même offre de précieuses opportunités d’apprentissage, quels que soient les résultats.

« Je ne me mets pas la pression de gagner le tournoi, » dit Mboko en riant. « Je veux jouer avec intensité, apprendre de chaque point, et représenter Toronto et le Canada avec fierté. »

Sa qualification a suscité l’enthousiasme dans toute la communauté tennistique de Toronto. Les réservations de courts le week-end dans les installations publiques ont augmenté de 28% selon les données des Parcs de la Ville de Toronto, avec des augmentations particulières dans les quartiers à population diverse.

Le moment ne pourrait être mieux choisi pour le tennis canadien. Avec les stars établies Andreescu et Shapovalov confrontées à des défis de blessures, Mboko représente la prochaine vague de talents canadiens. Louis Borfiga, Directeur de la haute performance de Tennis Canada, voit clairement son potentiel : « Victoria a tous les outils pour être une joueuse du top 20, peut-être mieux. Sa qualification à un si jeune âge confirme ce que nous avons vu dans son développement. »

Pour l’adolescente torontoise, cette réussite représente à la fois un triomphe personnel et une importance culturelle. « J’espère que les enfants qui regardent depuis des quartiers comme le mien voient que le tennis n’est pas réservé à certaines communautés, » réfléchit Mboko. « Avec du travail acharné et du soutien, des rêves comme celui-ci sont possibles pour tout le monde. »

Le tableau principal de Roland-Garros commence ce dimanche, l’adversaire de Mboko au premier tour sera déterminée lors de la cérémonie du tirage au sort demain.

En traversant l’aéroport Pearson de Toronto pour son vol vers Paris, Mboko s’est arrêtée pour signer des autographes pour de jeunes fans—une nouvelle expérience qui signale son arrivée sur la plus grande scène du tennis. « Il y a cinq ans, j’étais l’enfant qui demandait des autographes, » sourit-elle. « La vie change vite dans ce sport. »

En effet, Victoria. En effet.


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