Fermetures de Magasins SAQ à Montréal Suscitent une Réaction Négative des Maires de la Ville

Amélie Leclerc
6 Min Read

La récente décision de la Société des alcools du Québec (SAQ) de fermer 24 succursales à travers la province a provoqué une forte opposition de la part des leaders municipaux de Montréal et des environs. En tant que personne qui passe devant ces devantures vertes familières depuis des décennies, je trouve ce développement particulièrement frappant pour nos communautés.

La semaine dernière, la société d’État a annoncé son plan de restructuration, qui verra ces succursales fermer définitivement d’ici février 2025. Cette annonce a laissé de nombreux maires locaux frustrés et préoccupés par l’impact sur leurs communautés.

« Cette décision a été prise sans aucune consultation avec les municipalités, » a déclaré Martin Damphousse, président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Varennes, dans un communiqué publié mardi. L’UMQ représente plus de 85% de la population québécoise par l’entremise de ses municipalités membres.

Ce qui est particulièrement troublant, c’est l’effet que ces fermetures pourraient avoir sur la dynamique de nos quartiers. J’ai souvent observé comment ces magasins servent bien plus que de simples points de vente – ce sont des lieux de rassemblement où les voisins se croisent et se tiennent au courant des nouvelles de la communauté.

Selon la SAQ, la décision découle de l’évolution des comportements des consommateurs, avec de plus en plus de personnes qui magasinent en ligne et visitent les SAQ Express. Catherine Dagenais, présidente et directrice générale de la SAQ, a expliqué que les succursales touchées représentent moins de 6% du volume total des ventes du réseau.

« La pandémie a accéléré le virage vers les achats en ligne, et nous avons constaté une augmentation de 40% des ventes sur SAQ.com depuis 2019, » a déclaré Dagenais dans leur annonce.

Cependant, les maires des communautés touchées rétorquent que ces fermetures auront un impact disproportionné sur les aînés et les personnes à mobilité réduite. Après avoir couvert les changements de quartier pendant des années, j’ai remarqué comment la perte de commerces accessibles à pied peut transformer le caractère et la commodité d’une communauté.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a appelé la SAQ à reconsidérer sa décision. « La SAQ est une société d’État avec un mandat de servir tous les Québécois, » a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse hier. « Nous devons assurer un accès équitable aux services dans tous les quartiers. »

En réponse aux critiques croissantes, la SAQ a publié mardi un communiqué indiquant qu’elle est « ouverte au dialogue » avec les municipalités touchées. La société d’État affirme qu’elle travaillera avec les autorités locales pour minimiser les impacts sur les communautés et assurer un accès raisonnable à ses produits.

La SAQ a promis qu’aucun emploi ne sera perdu en raison de ces fermetures, tous les employés touchés étant relocalisés dans d’autres succursales. Bien que cela réponde aux préoccupations en matière d’emploi, cela ne résout pas les problèmes d’accessibilité pour les résidents.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie du Québec, a défendu la décision, notant que « les sociétés d’État doivent s’adapter aux réalités changeantes du marché tout en maintenant leurs obligations de service. »

Le moment choisi pour ces fermetures semble particulièrement difficile alors que nos quartiers continuent de se remettre des pertes commerciales liées à la pandémie. Le mois dernier, en travaillant sur un article sur la résilience des entreprises locales, j’ai parlé avec plusieurs propriétaires de petites entreprises qui ont mentionné comment les détaillants phares comme la SAQ contribuent à attirer la clientèle vers les commerces environnants.

La SAQ a indiqué qu’elle améliorera ses services de livraison et pourrait prolonger les heures d’ouverture des succursales restantes pour compenser les fermetures. Cependant, de nombreux défenseurs communautaires soutiennent que ces mesures ne peuvent pas remplacer la commodité et l’aspect social des magasins de quartier.

L’association de protection des consommateurs du Québec s’est également prononcée, soulevant des préoccupations concernant d’éventuelles hausses de prix si la concurrence du marché diminue avec moins de points de vente physiques.

Cette situation reflète une tension plus large que nous observons à travers Montréal – l’équilibre entre la modernisation et la préservation du caractère et de l’accessibilité des quartiers. À mesure que nos habitudes d’achat évoluent, des institutions comme la SAQ font face à des décisions difficiles concernant leur présence physique.

La SAQ exploite près de 410 points de vente à travers le Québec, dont environ 90 dans la région du Grand Montréal. Les 24 fermetures prévues représentent environ 6% de leur réseau total.

Pour l’instant, la société des alcools dit examiner les commentaires des municipalités, mais n’a pas indiqué de plans pour revenir sur sa décision. Les maires locaux prévoient de continuer à défendre leurs communautés, plusieurs d’entre eux planifiant des rencontres avec les responsables de la SAQ dans les semaines à venir.

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