Sommet de la finance durable de Montréal 2024 : un moteur pour les initiatives de l’économie verte

Amélie Leclerc
6 Min Read

La majestueuse Place Bonaventure s’est transformée hier en un carrefour d’innovation environnementale alors que les leaders financiers et experts en développement durable se sont réunis pour le Sommet de la Finance Durable de Montréal. L’atmosphère vibrait de détermination tandis que la communauté financière québécoise renforçait son engagement à accélérer notre transition vers une économie à faible émission de carbone.

En parcourant les lieux, je ne pouvais m’empêcher de remarquer le contraste entre l’architecture urbaine de béton et les discussions passionnées sur la préservation de notre monde naturel. « Montréal se positionne à l’intersection entre l’ambition nord-américaine et la sensibilité environnementale européenne, » a souligné Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, lors de son discours d’ouverture captivant.

Le sommet arrive à un moment critique. Le Québec s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 37% sous les niveaux de 1990 d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pourtant, les mécanismes financiers pour soutenir ces objectifs ambitieux demeurent incomplets.

Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, a souligné l’engagement plus large du Canada. « Le chemin vers la durabilité nécessite à la fois un leadership public et une ingéniosité privée. Montréal illustre parfaitement comment ces forces peuvent fusionner efficacement, » a-t-elle déclaré aux participants lors de la table ronde de l’après-midi.

Parmi les innovations dévoilées figurait l’expansion de l’Engagement carbone de Montréal, avec vingt-cinq nouvelles institutions financières s’engageant à mesurer et à divulguer publiquement l’empreinte carbone de leurs portefeuilles d’investissement. Cela porte le total des signataires à plus de 150 dans le monde, représentant plus de 10 billions de dollars d’actifs sous gestion.

La Caisse de dépôt et placement du Québec a annoncé son nouveau fonds de résilience climatique de 500 millions de dollars, ciblant des investissements dans des technologies qui réduisent les émissions et adaptent les infrastructures aux réalités climatiques. « Nous allons au-delà du simple désinvestissement des industries à forte intensité de carbone pour construire activement l’économie durable de demain, » a expliqué Charles Emond, président et chef de la direction.

Ce qui m’a le plus frappée, c’est le changement de ton par rapport aux sommets précédents. La conversation a évolué des discussions théoriques sur les risques climatiques vers des plans d’action financiers concrets. En circulant entre les sessions, j’ai entendu autant de conversations sur le rendement des investissements que sur l’impact environnemental – un signe prometteur que la durabilité devient une pratique commerciale standard.

Le Mouvement Desjardins a dévoilé son cadre de finance durable mis à jour, engageant 2 milliards de dollars supplémentaires pour des initiatives vertes au cours des cinq prochaines années. « Le secteur financier doit reconnaître sa position unique pour influencer le changement dans toutes les industries, » a déclaré Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins.

Les entreprises locales occupaient une place importante. La montréalaise Cycle Capital a annoncé le lancement de son quatrième fonds axé exclusivement sur les solutions de technologies propres, tandis qu’Hydro-Québec a mis en avant ses plans pour tirer parti de son expertise en énergie renouvelable en partenariat avec des entreprises émergentes de technologies vertes.

Le sommet a également abordé les dimensions sociales de la transition. « Une économie durable doit être inclusive ou elle échouera, » a averti Sophie Brochu, ancienne PDG d’Hydro-Québec, lors d’une table ronde captivante sur la transition juste. « Le tissu multiculturel de Montréal nous offre une perspective unique pour développer des solutions de finance climatique véritablement inclusives. »

Au-delà des panels et des présentations, le sommet a mis en valeur l’écosystème croissant des technologies propres de Montréal. Les stands d’exposition présentaient des innovations de startups locales développant tout, des technologies de capture de carbone aux solutions d’efficacité énergétique alimentées par l’IA.

La journée s’est conclue par une réception mettant en vedette une cuisine locale et durable, et les conversations se sont poursuivies. Ce qui est devenu clair, c’est que Montréal consolide sa position de leader nord-américain en finance durable, faisant le pont entre les approches réglementaires européennes et l’innovation du marché américain.

Le sommet se poursuit aujourd’hui avec des sessions de travail axées sur la mise en œuvre des cadres discutés hier. Comme me l’a confié un participant pendant que nous attendions notre café du matin, « Le vrai travail commence quand nous quittons ce bâtiment et commençons à changer la façon dont l’argent circule dans notre économie. »

Pour les Montréalais, le sommet représente bien plus que des concepts financiers abstraits – il signale une transformation potentielle des systèmes énergétiques, des bâtiments et des réseaux de transport de notre ville. La question demeure de savoir si les engagements ambitieux pris à la Place Bonaventure se traduiront par des changements visibles sur la rue Sainte-Catherine et au-delà.

Partager cet article
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *