En traversant Alliston la semaine dernière, l’imposante usine Honda qui fait partie du paysage communautaire depuis des décennies se profilait à l’horizon. C’est une vue familière pour quiconque emprunte régulièrement l’autoroute 89, mais ces temps-ci, elle représente davantage – un point de tension dans les ambitions de l’Ontario en matière de véhicules électriques.
Le premier ministre Doug Ford n’a pas mâché ses mots concernant l’annonce récente de Honda de retarder son investissement prévu de 1,5 milliard de dollars dans la capacité de fabrication de véhicules électriques en Ontario. « On va leur mettre de la pression », a déclaré Ford lors d’une conférence de presse à Mississauga, son ton révélant une frustration évidente face à la décision du constructeur japonais.
Ce report d’investissement représente un revers important pour le secteur automobile ontarien, qui se positionnait comme un futur pôle de production de véhicules électriques en Amérique du Nord. Honda s’était initialement engagé à réoutiller son usine d’Alliston pour produire des véhicules entièrement électriques à partir de 2028, créant ainsi une pierre angulaire dans la stratégie provinciale de fabrication verte.
« Quand les entreprises prennent des engagements envers les Ontariens, on s’attend à ce qu’elles les respectent », a affirmé Ford. « On a créé les conditions nécessaires au succès – des tarifs d’électricité compétitifs, une main-d’œuvre qualifiée, un soutien gouvernemental – et on a besoin que nos partenaires tiennent leurs promesses. »
Selon Jean Marc Leclerc, président-directeur général de Honda Canada, la décision découle « de l’évolution des conditions du marché » plutôt que de problèmes liés à l’environnement d’affaires de l’Ontario. « L’adoption des VÉ par les consommateurs se fait plus graduellement que prévu », a expliqué Leclerc dans un communiqué. « Nous ajustons notre échéancier pour assurer l’alignement avec la demande réelle du marché. »
Le gouvernement ontarien a investi massivement pour attirer les fabricants de VÉ, avec près de 30 milliards de dollars d’engagements obtenus au cours des dernières années, incluant des projets majeurs de Volkswagen, Stellantis et des fabricants de batteries. Cette stratégie a été au cœur de la vision économique de Ford pour la province.
En parlant hier avec des fournisseurs locaux de pièces automobiles à Brampton, j’ai constaté des réactions mitigées face à l’annonce de Honda. « Cela crée de l’incertitude dans toute la chaîne d’approvisionnement », a déclaré Marissa Chen, directrice des opérations chez AutomotiveTech Solutions. « Nous avons investi dans la réoutillage pour la production de composants de VÉ sur la base d’engagements de fabricants comme Honda. »
Ce report survient à un moment où les ventes de VÉ montrent des signes de ralentissement partout en Amérique du Nord. Selon Statistique Canada, bien que les immatriculations de VÉ continuent d’augmenter, le rythme s’est