Alors que j’observe la dernière initiative de l’Assemblée législative de l’Ontario concernant la responsabilité municipale, je ne peux m’empêcher de repenser aux conversations que j’ai eues avec des résidents torontois frustrés au fil des ans. Le gouvernement provincial a présenté un projet de loi qui pourrait fondamentalement changer la façon dont les violations éthiques des conseillers municipaux sont traitées – donnant potentiellement aux municipalités le pouvoir de destituer les élus qui enfreignent les codes de conduite.
Cette mesure proposée, incluse dans la Loi pour construire plus de logements pour tous, représente un changement significatif dans la supervision de la gouvernance municipale. Actuellement, les municipalités peuvent seulement émettre des réprimandes ou suspendre la rémunération jusqu’à 90 jours lorsque les conseillers enfreignent les normes éthiques.
« Il s’agit d’assurer la responsabilité au sein du gouvernement local, » a déclaré le ministre des Affaires municipales Paul Calandra lors de l’annonce du projet de loi. « Lorsque les résidents élisent leurs représentants, ils s’attendent à ce qu’ils respectent certaines normes de conduite. »
La législation permettrait aux municipalités de demander au tribunal de destituer un conseiller après des violations graves ou répétées du code de conduite – à condition que deux tiers des membres du conseil soutiennent cette action. Cette exigence de supermajorité vise à prévenir les destitutions motivées par des considérations politiques.
En me promenant à l’Hôtel de Ville hier, j’ai parlé avec la conseillère Ana Bailão, qui a exprimé un soutien prudent. « Bien que nous ayons besoin de mesures de responsabilisation plus strictes, nous devons nous assurer que cela ne devienne pas une arme politique, » a-t-elle noté, faisant écho aux préoccupations que j’ai entendues de plusieurs membres du conseil.
L’Association des municipalités de l’Ontario (AMO) plaide pour de telles mesures depuis des années. Leur rapport de 2022 a souligné que 65% des municipalités ontariennes avaient traité des violations graves du code que les sanctions actuelles ne pouvaient pas adéquatement résoudre.
Ayant couvert la politique torontoise pendant plus d’une décennie, j’ai été témoin des limites des mécanismes d’application existants. Lorsque le conseiller Giorgio Mammoliti a été reconnu coupable d’avoir accepté 80 000 $ de promoteurs immobiliers en 2013, la sanction la plus sévère disponible était une suspension de salaire de trois mois – malgré la recommandation du commissaire à l’intégrité pour une action plus forte.
L’expert en gouvernance municipale Dr. Zachary Taylor de l’Université Western m’a confié : « Cela représente le changement le plus significatif des cadres de responsabilité municipale depuis une génération. La question est de savoir si cela établit le bon équilibre entre responsabilité et représentation démocratique. »
La législation inclut d’importantes garanties. Avant de destituer un conseiller, les municipalités doivent consulter un commissaire à l’intégrité, s’assurer que la violation était délibérée ou due à une négligence grave, et démontrer que les sanctions existantes sont insuffisantes.
Les critiques, dont l’Association canadienne