La réalité financière des Montréalais continue d’évoluer de façon spectaculaire en cette année 2024. Selon les dernières évaluations économiques, les résidents doivent maintenant gagner au moins 40 000 $ par année pour maintenir un mode de vie confortable de base dans la capitale culturelle du Canada – un chiffre qui représente une augmentation substantielle par rapport aux années précédentes.
En me promenant dans le Plateau par un matin frais la semaine dernière, je n’ai pu m’empêcher de remarquer le paysage changeant de notre ville bien-aimée. Des quartiers autrefois connus pour leur abordabilité affichent maintenant des pancartes « à louer » avec des prix qui auraient semblé impensables il y a à peine cinq ans. Cette transformation n’est pas simplement anecdotique – elle est soutenue par des données économiques convaincantes.
L’Institut québécois de recherche socioéconomique a récemment publié des résultats indiquant que les coûts de logement représentent désormais environ 40 % du revenu après impôt pour de nombreux Montréalais gagnant moins que le seuil recommandé. « Le marché locatif a connu une pression sans précédent », explique l’économiste en logement Marie-Claude Tremblay. « Nous voyons les loyers moyens grimper entre 7 et 12 % par année dans les quartiers recherchés, dépassant largement la croissance des salaires. »
Ce changement affecte tout, du logement à l’épicerie. Au Marché Jean-Talon, où je fais mes courses depuis des années, les vendeurs reconnaissent cette dynamique changeante. « Mes clients réguliers font des choix différents maintenant », partage François Leblanc, un marchand de fruits et légumes qui exploite son kiosque depuis plus de vingt ans. « Ils sont plus sélectifs, achètent moins, ou choisissent différentes options qu’avant. »
Pour les jeunes professionnels comme Sophia Lavoie, une designer graphique de 28 ans que j’ai interviewée, le calcul financier a complètement changé. « Quand j’ai emménagé ici en 2019, je pouvais me permettre mon propre appartement à Villeray avec un salaire d’entrée de gamme. Maintenant, j’ai besoin de colocataires malgré deux promotions », explique-t-elle. « Ce n’est pas seulement le loyer – c’est tout. L’épicerie, le transport, même un café semble coûter plus cher. »
Les données confirment ces observations. L’Institut économique de Montréal rapporte que les dépenses globales ont augmenté d’environ 18 % depuis 2020, tandis que les salaires moyens n’ont augmenté que d’environ 11 % pendant la même période. Cet écart croissant crée une pression réelle sur les budgets des ménages à travers toutes les tranches de revenus.
Les responsables municipaux reconnaissent ces défis. Le bureau de développement économique de Montréal a récemment lancé des initiatives visant à attirer des emplois mieux rémunérés tout en travaillant à élargir les options de logements abordables. « Nous nous concentrons sur la construction d’un écosystème économique plus résilient », explique Jean-Philippe Verm