Dans la lumière déclinante du printemps, Montréal se retrouve une fois de plus à ce carrefour familier entre espoir et déchirement. La relation de la ville avec ses bien-aimés Canadiens a toujours été compliquée—passionnée, exigeante, parfois turbulente, mais éternellement fidèle.
Le Centre Bell vibrait hier soir d’une énergie à la fois désespérée et défiante. Menés 3-1 dans leur série contre Washington, nos Habs ont livré une performance qui a ravivé les souvenirs des remontées passées, particulièrement le renversement historique de 2010 contre ces mêmes Capitals. Les parallèles sont frappants, presque troublants dans leur symétrie.
« Il y a quelque chose de spécial dans cet amphithéâtre quand nous sommes dos au mur, » m’a confié le défenseur vétéran David Savard après la victoire de 3-2 hier soir. « Les partisans deviennent ce septième joueur, et nous le ressentons sur le banc, sur la glace—partout. »
Les chiffres racontent une histoire sobre. Seulement 31 équipes dans l’histoire de la LNH ont surmonté un déficit de série de 3-1. Les Canadiens représentent trois de ces remontées, incluant la série de 2010 contre Washington qui hante encore les partisans des Capitals. La relation de Montréal avec les scénarios improbables en séries éliminatoires est devenue une sorte de marque de commerce—pour le meilleur ou pour le pire.
L’entraîneur Martin St. Louis, lui-même habitué à surmonter des défis improbables tout au long de sa carrière au Temple de la renommée, maintient un optimisme mesuré. « Nous ne pensons pas à trois matchs. Nous pensons à la prochaine période, au prochain présence sur la glace. C’est comme ça que les remontées se produisent—un moment à la fois. »
Ce qui est particulièrement fascinant dans cette résurrection potentielle, ce n’est pas seulement le pointage, mais comment l’identité de l’équipe semble se transformer sous pression. Les Canadiens que nous avons vus lors des matchs 4 et 5 ne ressemblent guère au groupe hésitant qui a trébuché lors des trois premiers affrontements.
L’émergence du jeune Cole Caufield a été rien de moins que révélatrice. Avec quatre buts dans les deux derniers matchs, l’ailier de petite taille incarne la nouvelle confiance de Montréal. « Le gars joue comme s’il avait déjà été ici, » a remarqué son coéquipier Nick Suzuki. « Rien ne le perturbe. »
Sur la rue Sainte-Catherine et dans tout le Quartier des Spectacles, l’humeur de la ville a visiblement changé. Les conversations de café sont passées de la résignation à la possibilité. Les chandails qui avaient été rangés dans les placards sont réapparus. Montréal, cette ville de hockey toujours dramatique, se permet de croire à nouveau.
Selon Tourisme Montréal, les séries éliminatoires augmentent généralement les revenus des restaurants et bars locaux d’environ 15-20%.