Le gouvernement fédéral, en collaboration avec les autorités de la Colombie-Britannique, a présenté hier une stratégie globale visant à combattre la crise croissante des menaces d’extorsion ciblant les entreprises à travers le Canada, avec une attention particulière à la protection de la dynamique communauté d’entrepreneurs immigrants d’Ottawa.
Au cœur de cette annonce se trouve une nouvelle équipe anti-extorsion combinant les ressources de la GRC avec les forces policières provinciales et municipales. Cette approche intégrée créera des unités d’enquête dédiées spécifiquement aux groupes criminels organisés qui emploient l’intimidation et la violence contre les propriétaires d’entreprises.
« Nous observons des tendances où des criminels ciblent des propriétaires d’entreprises vulnérables, particulièrement dans les communautés sud-asiatiques, perses et sino-canadiennes, » a expliqué le surintendant de la GRC James Rollins lors de la conférence de presse à Ottawa. « Ces criminels exploitent les barrières culturelles et la méfiance envers les autorités que certains propriétaires d’entreprises immigrants peuvent ressentir. »
Cette initiative survient après des mois de signalements croissants de restaurateurs et petits commerçants d’Ottawa concernant des appels menaçants, des dommages matériels et, dans certains cas, des tentatives d’incendie criminel. Les données de la police locale indiquent une augmentation de 27% des tentatives d’extorsion signalées dans la région de la capitale au cours des huit derniers mois.
Priya Sharma, propriétaire d’un restaurant à Mississauga, a raconté son expérience lors de l’annonce. « Les appels ont commencé modestement – juste des demandes d’argent de ‘protection’. Quand j’ai refusé, ils ont brisé nos vitres. Beaucoup d’entre nous souffrent en silence parce que nous avons peur. »
Les nouvelles mesures comprennent une ligne téléphonique confidentielle de signalement dotée d’agents parlant couramment le punjabi, le mandarin, le cantonais, le farsi et d’autres langues courantes dans les communautés touchées. De plus, des services de soutien dédiés aux victimes offriront des conseils et des évaluations de sécurité pratiques pour les entreprises.
La députée d’Ottawa-Sud, Anita Sharma, a souligné les implications économiques. « Ces entreprises représentent l’épine dorsale de notre économie locale. Lorsque des criminels les ciblent, ils attaquent non seulement des propriétaires individuels, mais des communautés entières qui dépendent de ces établissements. »
Le programme s’inspire de la Stratégie anti-blanchiment d’argent et anti-extorsion de la Colombie-Britannique mise en œuvre l’année dernière, qui a déjà conduit à 43 arrestations et perturbé plusieurs réseaux criminels opérant dans le Lower Mainland.
Les leaders communautaires ont accueilli favorablement l’initiative tout en notant que davantage de travail reste à faire. Kamal Singh de l’Association des entreprises d’Ottawa a souligné que « les barrières culturelles au signalement demeurent importantes. De nombreux propriétaires d’entreprises viennent de pays où la corruption policière les rend réticents à signaler des crimes. »
L’annonce comprend 14,5 millions de dollars de financement fédéral sur trois ans, avec des contributions provinciales portant l’investissement total à près de 22 millions de dollars. Les ressources soutiendront les équipes d’enquête, la sensibilisation communautaire et des outils technologiques pour suivre les réseaux criminels opérant au-delà des frontières provinciales.
La chef de police d’Ottawa, Laura Wilson, a reconnu les défis à venir. « Ces criminels sont sophistiqués et mobiles. Ils peuvent menacer un propriétaire d’entreprise à Ottawa tout en opérant depuis Toronto ou Montréal. C’est pourquoi cette approche intégrée est essentielle. »
Pour les petits entrepreneurs comme Wei Chen, qui exploite un dépanneur à Vanier, l’initiative offre de l’espoir. « Il y a deux mois, quelqu’un est venu exiger 5 000 $ pour de la ‘protection’. Quand j’ai hésité, ils m’ont montré des photos de mes enfants à l’école. J’ai payé parce que j’étais terrifié. »
Le programme sera lancé le mois prochain avec des séances d’information communautaires prévues dans les divers quartiers d’Ottawa. Les propriétaires d’entreprises pourront accéder aux ressources via un nouveau site web sécurisé ou visiter des postes de police communautaires désignés pour des consultations confidentielles.
Ce matin, en parcourant le marché By, discutant avec des commerçants au sujet de cette annonce, le mélange d’optimisme prudent et de peur persistante était palpable. Plusieurs ont accueilli favorablement l’initiative tout en se demandant si elle atteindrait véritablement leurs communautés de façon significative.
Cette initiative représente une étape cruciale pour aborder un problème qui est resté trop longtemps dans l’ombre, menaçant la mosaïque vibrante d’entrepreneuriat immigrant qui définit une grande partie du paysage économique et culturel local d’Ottawa.