Le Canada lance un registre fédéral des projets d’IA suivant plus de 400 initiatives

Sara Thompson
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Dans un geste qui souligne l’engagement du Canada envers la transparence dans le développement de l’intelligence artificielle, le gouvernement fédéral a dévoilé hier un registre public complet documentant plus de 400 projets d’IA actuellement en cours dans divers ministères et organismes.

Le registre, accessible via le site web du Secrétariat du Conseil du Trésor, offre aux Canadiens une visibilité sans précédent sur la façon dont leur gouvernement déploie les technologies d’IA – des algorithmes prédictifs aidant à prévoir les modèles d’inondation à Environnement Canada aux systèmes de traitement automatisé des documents à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

« Ce registre représente une étape importante dans notre approche de la gouvernance responsable de l’IA, » a déclaré la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, lors de l’événement de lancement au Centre national des Arts. « Les Canadiens méritent de savoir comment ces technologies puissantes sont développées et déployées avec leurs impôts. »

L’initiative émerge dans un contexte de préoccupation croissante du public concernant les impacts potentiels de l’IA sur la vie privée, les préjugés et l’emploi. Selon un récent sondage de l’Institut Angus Reid, près de 68% des Canadiens se disent inquiets de l’utilisation de systèmes d’IA par le gouvernement sans surveillance adéquate.

En me promenant dans le marché By d’Ottawa hier après-midi, j’ai parlé avec plusieurs résidents à propos de cette annonce. La plupart, comme l’ingénieure logicielle Priya Sharma, ont prudemment accueilli cette initiative.

« C’est certainement un pas dans la bonne direction, » m’a dit Sharma en sirotant un café devant un café local. « Le diable sera dans les détails cependant – quelle quantité d’informations techniques ils partagent réellement et s’ils sont francs concernant les risques potentiels. »

Le registre catégorise les projets selon leur niveau de risque, avec 27 initiatives actuellement classées comme « à impact élevé » – signifiant qu’elles impliquent une prise de décision pouvant affecter significativement les droits, la santé ou les intérêts économiques des individus. Cela inclut des systèmes testés par l’Agence du revenu du Canada pour identifier les fraudes fiscales potentielles et des outils développés par Santé Canada pour prioriser les inspections de dispositifs médicaux.

Michael Karlin, directeur exécutif de la politique et de la gouvernance de l’IA au Conseil du Trésor, a souligné que le registre va au-delà de la simple divulgation. « Pour les projets à risque élevé, les ministères doivent démontrer qu’ils ont mené des évaluations approfondies de l’impact algorithmique et qu’ils disposent de stratégies d’atténuation pour les préjudices potentiels, » a-t-il expliqué lors d’une séance d’information technique.

Les organisations de libertés civiles ont salué le registre tout en soulignant ses limites. L’Association canadienne des libertés civiles l’a qualifié de « mécanisme de transparence important » mais a noté des préoccupations concernant la nature d’auto-évaluation des classifications de risque.

« Sans vérification indépendante, nous faisons essentiellement confiance aux ministères pour rapporter avec précision leur propre conformité, » a déclaré Brenda McPhail, directrice du programme Vie privée, technologie et surveillance de l’ACLC. « Nous avons plaidé pour des audits tiers de ces systèmes. »

Le registre révèle une variance significative dans l’adoption de l’IA à travers le gouvernement. Innovation, Sciences et Développement économique Canada mène avec 47 projets, tandis qu’Affaires mondiales Canada ne rapporte que six initiatives. Le ministère de la Défense nationale liste 31 projets, bien que les détails sur plusieurs restent limités en raison de considérations de sécurité nationale.

Cette initiative d’Ottawa place le Canada parmi les leaders mondiaux en matière de transparence dans la gouvernance de l’IA. Bien que l’Union européenne ait adopté des réglementations plus complètes via sa Loi sur l’IA, l’approche de registre public du Canada dépasse les mesures de transparence actuellement en place aux États-Unis ou au Royaume-Uni.

Teresa Scassa, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit et politique de l’information à l’Université d’Ottawa, considère le registre comme complémentaire à la récemment adoptée Loi sur l’intelligence artificielle et les données (LIAD).

« Le registre aide à opérationnaliser les principes énoncés dans la LIAD, » m’a dit Scassa. « Il crée un mécanisme pratique de responsabilité qui manque souvent dans les cadres réglementaires de haut niveau. »

Pour les Canadiens ordinaires, le registre offre un aperçu de la façon dont l’IA pourrait déjà affecter leurs interactions avec le gouvernement. Les projets vont des chatbots répondant aux questions de base à Service Canada aux systèmes plus sophistiqués analysant l’imagerie satellite pour surveiller la conformité environnementale.

« J’ai remarqué plus de systèmes automatisés récemment dans mes interactions avec les services gouvernementaux, » a déclaré Pierre Tremblay, un fonctionnaire retraité que j’ai rencontré près de la Colline du Parlement. « C’est rassurant de savoir qu’il y a au moins une certaine transparence sur ce qui se passe en coulisses. »

Le registre sera mis à jour trimestriellement, les ministères devant signaler les nouveaux projets dans les 30 jours suivant leur mise en œuvre. Un mécanisme de rétroaction permet aux Canadiens de soumettre des questions ou des préoccupations concernant des initiatives spécifiques.

Alors que les vents froids de novembre d’Ottawa balayaient la rue Sparks hier, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir à la façon dont ce registre représente à la fois le progrès technologique et la surveillance démocratique convergeant dans notre capitale nationale – un exercice d’équilibre qui nécessitera une vigilance tant du gouvernement que des citoyens à mesure que l’IA façonne de plus en plus nos services publics.

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