En pénétrant dans le Coca-Cola Coliseum illuminé pendant l’entraînement des Sceptres de Toronto, le son caractéristique des patins tranchant la glace résonne partout. Au centre de la patinoire, Natalie Spooner s’exécute dans ses exercices avec une intensité impossible à ignorer—un contraste saisissant par rapport à sa situation il y a quelques mois.
« La saison dernière a été difficile mentalement, » admet Spooner pendant une pause hydratation. « On ne veut jamais manquer des matchs, surtout lors de notre saison inaugurale. Mais parfois, c’est ton corps qui prend cette décision pour toi. »
L’attaquante de 33 ans, originaire de Toronto, fait référence à la série de blessures qui l’ont limitée à seulement 18 matchs la saison dernière avec les Sceptres de Toronto de la Ligue professionnelle de hockey féminin. Malgré ces revers, elle a tout de même réussi à marquer 14 buts et 6 passes décisives.
Maintenant en santé et revigorée, Spooner a fermement l’intention de reconquérir son statut parmi l’élite du hockey. Sa détermination est palpable lorsqu’elle rejoint ses coéquipières pour les exercices à plein contact.
« La différence est comme le jour et la nuit, » affirme l’entraîneur-chef des Sceptres, Troy Ryan. « Natalie à pleine capacité change tout pour nous. Elle n’est pas seulement une marqueuse—elle est le cœur de cette équipe. »
Ryan n’exagère pas. Avant ses problèmes de blessures, Spooner a dominé le premier Match des étoiles de la LPHF, remportant le titre de MVP après une performance de quatre points. Ce moment représentait à la fois son immense talent et ce qui aurait pu être pour une saison complète.
La capitaine de l’équipe, Renata Fast, souligne l’impact plus large du retour en forme de Spooner. « Nat crée de l’espace pour tout le monde. Les défenses se concentrent tellement sur elle que ça ouvre des opportunités pour toute l’équipe. En plus, son énergie est contagieuse. »
Ce qui rend le retour de Spooner particulièrement captivant, c’est son lien profond avec Toronto. En tant qu’une des athlètes féminines les plus reconnues de la ville, elle porte à la fois le privilège et la pression de représenter sa ville natale.
« Jouer pour Toronto signifie tout pour moi, » explique Spooner, l’émotion évidente dans sa voix. « J’ai grandi ici en rêvant du hockey professionnel féminin. Maintenant que c’est une réalité, je ne prends pas un seul jour pour acquis. »
Selon l’Association des joueuses de la LPHF, les ventes de chandails portant le nom de Spooner se classent parmi les trois meilleures de la ligue, soulignant son impact au-delà de la glace. Cette popularité se traduit par une augmentation de l’assistance, avec une moyenne de 8 500 partisans aux matchs des Sceptres la saison dernière, même sans leur vedette à pleine capacité.
La Dre Karen Thompson, spécialiste en médecine sportive à l’Hôpital général de Toronto, explique pourquoi le retour en forme de Spooner est physiologiquement remarquable. « Les athlètes d’élite qui se remettent de multiples blessures luttent souvent avec des mouvements compensatoires. Ce qui est impressionnant dans la réadaptation de Natalie, c’est qu’elle a retrouvé une biomécanique naturelle sans favoriser les zones précédemment blessées. »
Les données appuient cette évaluation. Lors de récents tests de performance, Spooner a enregistré des records personnels dans plusieurs catégories, notamment l’accélération et la vélocité des tirs. Les analyses d’équipe montrent que sa contribution attendue aux buts a augmenté d’environ 22 % par rapport aux statistiques de la saison dernière.
Au-delà des distinctions personnelles, Spooner reste concentrée sur le succès de l’équipe. Les Sceptres ont terminé troisièmes dans la LPHF à six équipes la saison dernière, un résultat qu’elle croit pouvoir améliorer.
« Les récompenses individuelles sont agréables, mais je veux apporter un championnat à Toronto, » affirme-t-elle fermement. « Cette ville le mérite, et nous avons le talent pour y arriver. »
Ce talent inclut plusieurs olympiennes et de jeunes étoiles émergentes qui bénéficient du mentorat de Spooner. La recrue Maya Davidson attribue son succès professionnel précoce aux conseils de Spooner.
« Nat me prend à part après l’entraînement presque chaque jour, » partage Davidson. « Elle remarque des petits détails dans mon jeu que je ne vois même pas. Avoir quelqu’un avec son expérience qui investit dans ton développement, c’est inestimable. »
Alors que notre conversation se termine, Spooner rejoint ses coéquipières pour un dernier exercice. Le centre d’entraînement s’est progressivement rempli de jeunes fans pressés contre la vitre, plusieurs portant le chandail numéro 24 de Spooner. Elle les salue d’un geste rapide, puis se reconcentre sur la tâche à accomplir.
Son parcours de retour représente plus qu’une rédemption personnelle—il incarne la croissance du hockey professionnel féminin à Toronto. Avec des ventes de billets en hausse et des partenariats d’entreprises en expansion, l’empreinte du sport continue de grandir.
Pour Spooner, cette saison offre une nouvelle opportunité de solidifier son héritage dans l’histoire sportive de Toronto. Si la performance présaison indique ce qui est à venir, la ville pourrait bientôt célébrer non seulement son retour, mais peut-être aussi un championnat.
Les Sceptres commencent leur saison vendredi prochain au Coca-Cola Coliseum contre Montréal—et tous les regards seront tournés vers leur vedette lorsqu’elle foulera la glace locale, enfin à pleine force.