La récente agression au couteau d’un homme juif à Ottawa a incité les députés libéraux à lancer un appel urgent contre la montée de la haine au Canada. L’attaque, survenue devant un bâtiment communautaire juif dans l’ouest d’Ottawa, a bouleversé la communauté juive de la capitale et au-delà.
« Je discute avec des membres de la communauté qui sont véritablement effrayés, » affirme Anthony Housefather, député libéral de Mont-Royal. « Quand quelqu’un peut être agressé simplement parce qu’il est visiblement juif dans la capitale de notre pays, nous devons reconnaître que nous avons un problème grave. »
La victime, dont l’identité n’a pas été révélée publiquement, portait apparemment une kippa lors de l’attaque jeudi dernier en soirée. La Police d’Ottawa a confirmé qu’elle enquête sur cet incident comme un crime haineux, le dernier d’une tendance alarmante selon les leaders communautaires.
Le rabbin Daniel Friedman de la Congrégation Machzikei Hadas m’a confié que les membres de la communauté sont de plus en plus anxieux. « Nous avons renforcé la sécurité à notre synagogue, mais les gens ne devraient pas avoir à pratiquer leur culte dans la peur, » a-t-il expliqué lors de notre entretien à sa synagogue d’Ottawa.
Les données de Statistique Canada montrent que les incidents antisémites ont augmenté de plus de 40% depuis octobre 2023. Le Centre pour Israël et les Affaires Juives (CIJA) rapporte que de nombreux incidents ne sont pas signalés, les victimes craignant d’être davantage ciblées.
Plusieurs députés libéraux se sont joints à Housefather pour réclamer une stratégie nationale globale. Leur cadre proposé comprend un financement accru pour l’infrastructure de sécurité communautaire, une surveillance renforcée des crimes haineux et des programmes éducatifs améliorés.
« Ce n’est pas seulement un problème juif, » souligne Yasir Naqvi, député d’Ottawa-Centre. « Quand une communauté fait face à la haine, cela menace les valeurs qui nous définissent en tant que Canadiens. »
La proposition des députés libéraux appelle à une collaboration entre les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux pour créer une réponse coordonnée. Ils exhortent le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, à convoquer un sommet national sur la lutte contre l’antisémitisme.
Le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe, a condamné l’attaque sur les réseaux sociaux, déclarant : « Notre ville soutient la communauté juive. La haine n’a pas sa place à Ottawa. »
L’enquête se poursuit alors que la police recherche l’agresseur. Entre-temps, les leaders communautaires organisent des événements de solidarité à travers Ottawa, y compris une veillée interconfessionnelle prévue pour la semaine prochaine.
Pour la communauté juive d’Ottawa, ces réponses, bien qu’appréciées, mettent en lumière une réalité troublante. Comme me l’a confié un membre de la communauté lors d’une promenade près du lieu de l’agression, « Nous ne devrions pas avoir besoin d’une protection spéciale juste pour exister visiblement en tant que Juifs au Canada. »
L’incident a relancé les discussions sur l’intersection entre la liberté d’expression et le discours haineux. Les députés libéraux notent que leur proposition inclut des recommandations pour revoir la réglementation des médias sociaux et renforcer les dispositions contre les discours haineux sans limiter indûment la liberté d’expression.
« Nous devons trouver l’équilibre, » déclare Housefather. « Les Canadiens valorisent à la fois la liberté d’expression et la protection contre la haine. Ces valeurs ne s’excluent pas mutuellement. »
Alors qu’Ottawa traite cet incident troublant, la question demeure de savoir si cette attention renouvelée se traduira par des actions concrètes ou s’estompera au fil de l’actualité. La réponse pourrait déterminer si les membres des communautés minoritaires visibles peuvent se sentir véritablement en sécurité dans la capitale canadienne.
 
					 
			 
                                
                              
		 
		 
		